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Sécurité et prévention pour une pratique raisonnable du ski

Neige et sécurité pour faire du bon ski

Attention: Loin d'être scientifiques, ces idées ne sont qu'un survol des connaissance de base de la montagne enneigée et sont issues de la pratique d'un guide sur le terrain avec les précautions nécessaires au domaine hors-piste.

FACTEURS TRANSFORMANT LA NEIGE

Le manteau neigeux est composé de couches qui ont subi chacune leur propre métamorphose. Il faut connaitre la composition et l'historique de chaque couche.
La neige est transformée en permanence par les facteurs naturels, topographiques et humains.
Les facteurs naturels sont la chaleur, le froid, le vent, le poids, l humidité, la quantité de neige  et la période de la saison. Les facteurs topographiques concernent concernent la localisation et l'inclinaison des pentes. Les facteurs humains sont la fréquentation qui fait qu'une pente a été tracée et skiée plus ou moins.
Quand on pratique hors piste, il faut tenir de l'inter activité de toutes ces données: en choisissant son terrain on pourra utiliser les facteurs topographiques et humains influant les facteurs naturels.

FACTEURS NATURELS

Les périodes très froides transforment la neige en gobelets (roulements à bille instable) qui constituent un plan de glissement pour les couches fragiles.La chaleur et l'humidification augmentent les avalanches mais compactent la neige et la stabilisent ensuite .C'est la seule façon de transformer les gobelets en grains plus stables.
En hiver, le soleil rase les reliefs. Les rayons ne touchent pas les fonds de vallée qui restent souvent froides.Au printemps, le soleil plus haut change rapidement les conditions.
Le vent accumule la neige en croutes difficiles à skier ou  pire en plaques sensibles aux  vibrations provoqués par les skieurs.
Les grosses chutes de neige créent une surcharge qui augmente le risque d'avalanche

FACTEURS TOPOGRAPHIQUES

Une pente nord est moins ensoleillé qu'une pente sud, la transformation de la neige y est plus lente. Bien pour la poudreuse mais mauvaise stabilisation des couches fragiles par le chaud. On peut trouver une bonne neige de printemps au sud et une neige croutée infecte au nord. Et une bonne poudreuse au nord alors qu'elle sera croutée sur les versants exposées.
Importance de l'orientation pour les accumulations de neige par le vent.
Le rayonnement touche plus directement les pentes ensoleillés plus raides qui transforment plus vite.

FACTEURS HUMAINS

Le passé récent montre que les parcours très tracés deviennent statistiquement moins avalancheux, certains free riders jouent le rôle de purgeurs et stabilisateurs.
Timing: au printemps la neige est gelée le matin, parfaite pendant 1 ou 2  heures puis pourrie en cours de journée. Après une chute de neige modérée en avril ou mai, il préférable de skier matinalement la poudre avant qu'elle ne s'alourdisse et croute le lendemain. Autre variante, la neige est croutée en surface, attendez qu'elle dégèle pour skier sur une neige plus homogène.

GLACIERS

Le glacier, rivière rigide, descend rapidement les parties raides et ralentit sur les pentes moins soutenues. On trouve plus de crevasses dans les parties pentues, aux ruptures de pentes mais aussi aux confluences de glaciers. Renseignez vous des conditions d'enneigement qui couvre le glacier.
Pour trouver votre chemin, arrêtez vous sur un point plus élevé pour apprécier la suite et éviter les dangers.
Regardez attentivement les mouvements et inclinaisons pour deviner les crevasses. Cherchez autour de vous des indices: fissures, couleurs de neige, affaissement pouvant suspecter de potentielles crevasses.Gardez constamment une vision analytique du terrain et contrôlez vos trajectoires.
Le leader explique de quel coté et à quelle distance de la trace il faut descendre, arrêtez vous au dessus du leader et n'enlevez jamais vos skis sur glacier (le risque de chute en crevasse augmenterait).Arrêtez vous dans des endroits surs, immobile le risque de chute en crevasse est plus grand.
Quand vous passez les ponts de neige, traversez perpendiculairement avec une vitesse maitrisée: vous les solliciterez moins. Ne trainez pas sous les séracs (chutes de glace). Si il y des trous, encordez vous. Entrainez vous aux sauvetages en crevasses. Faites un stage d'alpinisme.

CHOIX DES ROUTES ET CONDITIONS

Analysez les conditions nivométéorologiques attentivement. Regardez les nuages, le vent, les hauteurs de neige, les changements de température...
Rappelez de ce qui est déjà arrivé dans les même conditions à la même époque. Imaginez comment ont transformé les versants. Le choix de la pente est déterminant. Si le choix initial est juste, pas de souci sinon il faudra ruser voire pire...
Avant la descente, observez la réalité pour confronter votre réflexion. Dans la remontée, observez le terrain pour collecter le plus d'informations: traces des skieurs, présence de vagues, couleurs de neige, température, vent. Si quelque chose vous gène, renoncez. Pendant la descente, utilisez les micro-reliefs pour gérer au mieux les différentes expositions. Quand vous descendez, les couleurs et les formes des champs de neige sont de bon signes pour chercher la meilleure neige.

CONDUITE DE GROUPE

Méfiez vous des effets de groupe qui conduisent à sous estimer les dangers et à se déconnecter de la réalité. Dans le doute, renoncez.
Skiez en petit groupe avec des gens expérimentés derrière et devant. Ne laissez pas le moins fort à la traine. Personne hors de vue. Répartissez le matériel de sécurité à l'avant et à l'arrière du groupe.
Le leader ouvre la descente, repère les dangers, les signale et donne les consignes de sécurité: inter-distance, de quel côté de la trace skier, ensemble ou un par un? Le leader s'arrête dans des endroits surs et protégés, ses partenaires s'arrêtent toujours à son amont pour éviter un éventuel danger (falaise, crevasses...).

AVALANCHES

Les surcharges les déclenchent lors de fortes chutes de neige, du passage de skieur ou d'un réchauffement ou de l'humidification  du manteau neigeux.Analysez les conditions, consultez le bulletin avalanche  du massif même si il n'est pas toujours précis à l'échelle locale , il donne de bonnes indications.
Les pentes convexes bombées cisaillent plus facilement que les concaves. Evitez les accumulations: zones au vent, crêtes, contrepentes, pied des falaises. Méfiez des ruptures de pentes. Cherchez les ancrages de la neige: blocs, forêt dense, croupe, reliefs.
Respecter les distances de sécurité pour moins surcharger les pentes et skier un par un pour réduire le risque. Progresser de zone sure en zone sure et faire ses arrêts dans des endroits protégés. Attention aux autres groupes en dessous de vous et aussi à de possibles groupes ne respectant pas la sécurité au dessus de vous. Placez vos skis dans une direction d'échape vous permettant d'éviter une potentielle avalanche.S'entrainer à la recherche avalanche et porter ARVA, pelle et sonde. 

PRUDENCE

Votre modération et votre prudence seront votre meilleure protection. Ne cédez pas à la mode de certains freeriders défiant les avalanches avec un suréquipement.
Sortir des pistes demande une réflexion et une connaissance du milieu naturel. Et si l'avalanche arrive, ne reste qu'à espérer en les moyens de détection.
L'ARVA, la pelle, la sonde, les nouveautés: l'airbag, l'avalung sont des outils de dernière chance qu'il vaut mieux espérer n'avoir jamais à utiliser. Ce n'est pas une assurance-vie et peut même donner l'illusion de la sécurité. Ne pensez jamais: "J'ai l'ARVA, je peux y aller.". Une avalanche est très puissante et ces machines n'empêchent ni les blessures ni les morts par avalanche.
N'ayez aucune certitude, les experts reconnaissent eux-même leurs limites.
BONNE GLISSE
  
Yan Raulet Guide Haute Montagne Chamonix Hors Piste Alpinisme Vallée Blanche Randonnée Glaciaire Ski Randonnée Escalade Mont Blanc